Bonjour à vous,

 
Ce matin, je me suis réveillée à l’aube. A l’aube de quoi, je ne sais pas, mais à l’aube…  J’ai attrapé mon livre, instinctivement, comme si le simple fait de l’avoir avec moi pouvait me protéger de tous les aléas de cette nouvelle journée confinée. 
Je suis descendue dans le salon, ai mis en marche la chaine stéréo – pas de Spotify au réveil, c’est un principe – pour écouter le chanteur Bonga à nouveau (j’ai longtemps cru qu’il était congolais, je me demande encore comment, vu que mon disque préféré s’appelle « Angola 72 » !). 
Affalée dans mon canapé – plus ou moins moelleux après 2 mois d’utilisation intensive – telle une callipyge (ou plutôt une méduse comme diraient mes charmants ados), j’ai lu et écouté la musique en même temps, mes deux activités préférées…
 
Passé un temps certain, je me suis souvenue que je n’habitais pas seule et que j’avais promis à mes grands bambins (les mêmes qui me traitent de méduse, voire de pangolin, quand je m’énerve) de leur préparer des crêpes pour le brunch du dimanche. 
J’ai hésité… Je me voyais bien, en fait, leur servir des galettes d’azukis au p’tit déj, avec un bon verre de pomelo, juste pour rigoler  ! 
Finalement, j’ai décidé de ne pas démarrer la journée tout de suite dans le conflit, me suis extirpée de mon canapé, ai allumé la radio et commencé à préparer ma pâte à crêpes, toute guillerette à l’idée de dévorer un gros « pancake »  à la confiture de mûres (la 1ère crêpe étant toujours ratée) avant que mes ados ne se jettent dessus !
 
Guillerette, guillerette… jusqu’à ce que j’entende le témoignage d’Antoine Gallimard sur France Inter. Brutalement ramenée à la réalité des semaines à venir, je suis sortie subitement du déni pour me plonger dans la mélancolie.
Les librairies vont rouvrir le 12 mai et tout sera fini ? Balivernes ! Nous, on sait bien que tout ne fait que commencer… 
Car ouvrir la librairie, Oui, mais pour qui ? Pour quoi ? Comment ? Soutenir les libraires et tous les acteurs de la Culture en général, c’est bien, mais il faut soutenir les lecteurs aussi, car sans acheteurs, point de salut, me suis-je dit, soudain un peu sonnée à la perspective d’une étrange réouverture, sans plus de clients que pendant le confinement… 
Que vont devenir nos projets d’antan ? Le triporteur pour vendre les livres à la plage, les soirées de rencontres et les envies de Guinguettes et d’Apéros géants ? 
Je me serais bien fait un grand verre de Muscari pour oublier tout ça, moi (comment ça, c’est pas un apéro le Muscari ?). Mais bon, plutôt que de sombrer dans l’alcoolisme précoce, je décidai, pour me défouler, d’aller chasser la tourterelle qui me cassait les oreilles depuis l’aube en roucoulant bêtement dans le jardin (pourquoi n’ai-je pas plutôt des bergeronnettes dans mon jardin ? pensai-je, décidément révoltée contre l’ordre du monde tout à fait à mon désavantage). 
 
Heureusement, la tourterelle s’envola momentanément et Vincent me rejoignit. Et là, ma bonne humeur revint totalement en admirant ses rouflaquettes de confinement. Elles sont un croisé entre celles de Robert Redford dans « Les trois jours du Condor » et celles de Jacques Santini dans « les verts perdent la coupe d’Europe en 76 » ! Bon, allez, j’arrête de rigoler, de peur de le vexer, et puis, il faut avouer que je ne suis pas très fière de mon look Yvette Horner non plus…
 
Cette fois je vous quitte, voici mes ados qui se lèvent : adieu silence, adieu France Inter, bonjour Youtube, Netflix et les odeurs de musc (je préfèrerais de santal, mais bon…) !
 
Bon dimanche à vous, 
Toute notre amitié, bientôt déconfinée !
Bénédicte & Vincent
 
ps1 : le « Concours de Nouvelles confinées » se termine donc cette semaine. Bravo à vous, vous êtes déjà plus de 60 à avoir participé ! Que de pépites autour de ces mots rigolos, et pourtant l’exercice de style n’est pas facile (cf ci-dessus !). On vous tient au courant pour la suite, évidemment !
ps2 : le Concours de dessins continue. Vous pouvez déposer vos oeuvres chez Dominique, à la librairie ou les envoyer par courrier !
ps3 : retrouvez, comme toujours, toutes les infos sur le site de la librairie : librairietraitdunion.fr ; on vous tient au courant, bien sûr de la suite des évènements !
ps4 : comme on est des libraires un peu fiers (vous avez remarqué vous aussi ? ), on va essayer de s’en sortir sans trop s’endetter, et on fera le bilan après l’été… Si on est vraiment en danger, on vous le dira, et on sait que vous serez là pour nous aider. Dans l’immédiat, le plus important, comme dit Vincent, c’est de résister et que vous veniez acheter des livres, le plus possible et le plus souvent possible (pour maintenant ou pour plus tard…)
ps 5 : RV mardi 12 mai à 10h00, si vous le voulez bien !